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Journée d'étude
Appel de communication
Université du Québec à Montréal

Appel de communications - Journée d'étude « Savoirs occultes et alternatifs »

Co-organisée par Stéphanie Roussel (membre étudiante, CRILCQ, UQAM), Megan Bédard et Joséane Beaulieu-April, responsables du chantier de recherche Savoirs occultes et alternatifs du Laboratoire de résistance sémiotique, cette journée d’étude aura lieu le 29 octobre 2018.  

Descriptif

« Pour qu’un signe parle, il faut qu’il s’adresse non seulement à l’intellect, mais à la sensibilité et à l’imagination… »
PIERRE THUILLIER, LA REVANCHE DES SORCIÈRES

Les astronomes de la Renaissance étaient aussi astrologues, et les chimistes d’abord l’alchimiste. Si la présence de la pensée magique fluctue en fonction des pratiques et des discours théologiques,philosophiques et scientifiques de chaque époque, elle ne s’éteint jamais entièrement. Le speed-colloque du chantier Savoirs occultes et alternatifs vise à réfléchir les systèmes d’interprétation au carrefour de la sémiotique et des croyances alternatives.
L’étude de la philosophie occulte — expression employée par Cornelius Agippa et Paracelse pour désigner un « ensemble de principes, de dogmes et de méthodes » (Alexandrian, 1983 : 9) — fait ressortir les mutations épistémologiques du regard et des sensibilités en jeu dans l’émergence de la connaissance. Qu’il s’agisse d’astrologie, de cartomancie, de chiromancie, d’alchimie, de la kabbale ou d’oniromancie,les différents systèmes d’interprétation s’associent à une cosmologie spécifique, à une philosophie de la nature qui conçoit des relations et des correspondances entre les idées et le monde matériel. La croyance en la magie et l’occulte engendre une posture d’interprétation radicalement différente du scientisme contemporain, en recherchant autrement des causes invisibles aux effets physiques. Cette manière d’observer l’univers, en proposant un discours alternatif aux systèmes de pensée hégémoniques, favorise une résistance aux idéologies qui leur sont intrinsèques.
Ce speed-colloque entend créer un espace de réflexion sur les pratiques magiques, ésotériques et divinatoires. Héritières de discours occultés par l’Histoire téléologique des sciences et des religions, la philosophie occulte et ses applications contemporaines font émerger des questionnements sur la manière de concevoir et d’interpréter le monde qui nous entoure. Entre la religion et la science, entre l’irrationnel et le rationnel (Pierre Thuillier, 1997), entre la pensée magique et la pensée pragmatique (Alexandrian,1983), ces pratiques témoignent aujourd’hui d’une volonté de réenchanter une société dominée par le matérialisme, de redonner une signification à une civilisation qui « souffre de ce qu’on pourrait appeler une faillite du sens. » (David Bohm, 1989 : 36)Ces systèmes de pensée et d’interprétation mobilisent trois axes d’analyse principaux :
1. Systémique, c’est-à-dire le fonctionnement des systèmes occultes comme l’astrologie ou le tarot ainsi que les principes interprétatifs que sous-tendent ces systèmes;
2. Phénoménologique (magie, vision, prévision), expérientiel et pragmatique (usages, effets etexpériences). Cet axe englobe les questions de croyances, d’expériences spirituelles, deperceptions sensorielles qui se situent à l’origine de la sémiose;
3. Sociosémiotique (communauté, transferts culturels, écoféminisme). L’axe s’inscrit autant en prolongement des théories de Durkheim qu’à la suite des recherches plus récentes sur les communautés en ligne.
Cette journée d’étude se déroulera le LUNDI 29 OCTOBRE 2018.
La formule est simple et conviviale : chaque communication est d’une durée de cinq minutes et est suivie d’une période de discussions. Cette journée d’étude offrira un aperçu des avenues de recherche possibles sur les savoirs occultes et alternatifs ainsi que de la diversité des réflexions des chercheur·euses, des étudiant·es, des mages et des sorcières.
Veuillez envoyer votre proposition de communication (environ 150 mots) accompagnée d’une biobibliographie à l’adresse savoirsoccultesetalternatifs@gmail.com avant le lundi 24 septembre 2018 à 23h59.

Une présentation du groupe de recherche précédera les présentations, le speed-colloque constituant la première étape d’un plus vaste projet de recherche, dont les détails se trouvent sur http://resistancesemiotique.org/ . Le speed-colloque est organisé dans le cadre du Laboratoire de résistance sémiotique, fondé en 2013 par les doctorantes et doctorants en sémiologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui constitue un espace intellectuel dynamique et collaboratif. Créé dans la perspective de répondre à un désir collectif d’affirmation du devenir et de l’être sémioticien, les visées duLaboratoire sont d’abord et principalement émancipatrices et leur atteinte passe irrémédiablement par l’autodétermination du statut de la chercheuse, du chercheur en milieu universitaire. Il s’agit là, nous semble-t-il, d’un engagement nécessaire afin d’adopter de manière sincère une posture critique dont l’exercice doit tendre vers une redéfinition de l’importance des études sémiotiques dans la production générale du savoir ainsi que de sa pertinence au sein de l’institution.
Notre coopérative intellectuelle s’organise autour d’un impératif : penser d’abord. Volontairement relayée à l’arrière-plan, la question du financement ne doit pas entraver nos idées et envies de recherche préalables, n’a pas à infléchir notre liberté d’action. En rupture par rapport à la marchandisation des connaissances dont l’effet tend à minorer, voire à étouffer les approches scientifiques non rentables, nous souhaitons au contraire et à dessein faire exister pleinement cette indiscipline qu’est la sémiotique et sa sapience particulière au carrefour d’approches et de méthodes transfrontalières.
Autogéré, le Laboratoire a pour double mission de se constituer en lieu favorisant la recherche fondamentale et de permettre aux recherches portant sur les objets anthropologiques les plus divers de trouver leur ancrage épistémologique dans une pensée sémiotique dont l’actualité s’appuie sur la mise en commun de l’expérience réflexive.
Refusant le principe du membership, le Laboratoire de résistance sémiotique est régi non par des membres mais par les forces intellectuelles en présence des chercheuses et chercheurs qui souhaitent s’y engager activement. La communauté du Laboratoire se veut accueillante et invite les sémioticien·ne·s –au-delà des frontières physiques, disciplinaires, méthodologiques et institutionnelles qui cloisonnent le plus souvent la recherche et freinent la mise en commun du langage – à participer à ses activités, à prendre part aux débats qui en émergent.